Livres – Notre sélection de mars 2022

L'homme aux cercles bleus 

Fred Vargas (1991)

Depuis plusieurs mois, de mystérieux cercles bleus tracés à la craie apparaissent sur les trottoirs de Paris. Autour, cette phrase étrange : « Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors ? » Au centre, des objets hétéroclites : un trombone, une poupée, une patte de pigeon... La presse s’enthousiasme pour cette énigme et tout le monde y va de sa théorie. Le commissaire Adamsberg, lui, prend l’affaire au sérieux. Ces cercles et leur contenu apparemment anodin lui semblent de mauvaise augure. Et il a raison car un beau matin, c'est le corps d'une femme que l'on trouve au milieu d'un de ces cercles bleus.

L’homme aux cercles bleus est le premier volume de la série mettant en scène le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Un homme décalé, mélange de Colombo et de Pierrot lunaire, avec des méthodes que personne ne comprend vraiment, pas même lui-même ! Nous faisons aussi connaissance avec son associé, Danglard, père célibataire de cinq enfants et alcoolique impénitent mais à l’ intelligence hors du commun et à la culture encyclopédique. Avec son univers poétique et décalé, ses personnages si singuliers, des thèmes qui s'aventurent du côté de croyances anciennes et des mythes, Vargas a constuit une œuvre à part dans le genre du polar. Chaque nouveau roman de celle que l’on surnomme souvent “la reine du polar français” est un évènement. La drôle d’équipe du commissaire Adamsberg a conquis des centaines de milliers de lecteurs en France et à l’étranger. Les romans de la série sont traduits dans quarante langues et ont été adaptés pour le cinéma et la télévision.

J'ai lu. 224 pages – La structure des phrases n'est pas trop complexe. La langue oscille entre un vocabulaire relativement simple et factuel notamment dans les parties dialoguées, et des passages descriptifs plus poétiques avec un niveau de langue plus soutenu. Fin de niveau B1. 

Glacé  

Bernard Minier (2011)

Nous sommes en décembre dans les Pyrénées, dans la petite station de Saint-Martin. La psychologue Diane Berg vient d'arriver pour travailler dans l'institut psychiatrique situé à proximité du village et qui accueille des patients hautement dangereux, des criminels fous. Ce jour-là, on a retrouvé le corps décapité d'un cheval suspendu au plus haut point du téléphérique qui mène à la centrale hydroélectrique qui jouxte l'institut. Ce magnifique étalon appartenait à un riche homme d'affaires. Commandant de la criminelle à Toulouse, Martin Servaz est chargé de l'enquête.

La première enquête du commandant Servaz a obtenu le prix du meilleur roman francophone au Festival Polar de Cognac en 2011. Bernard Minier nous entraîne dans une atmosphère tout aussi glaçante que le titre de son livre : les crimes s'accumulent dans ce décor de haute altitude hostile et oppressant. Son enquêteur possède, comme il se doit dans un bon polar, un profil atypique. Divorcé, hypocondriaque, adepte de Mahler et des jurons en latin, Servaz est un homme désabusé : « La seule espèce dangereuse pour l'homme, c'est l'homme lui-même. »
 

Pocket. 736 pages – Ce livre est particulier épais. Si l'intrigue tient le lecteur en haleine, une habitude de la lecture en français reste nécessaire. Le récit est au passé simple et le vocabulaire est d'un registre relativement soutenu. Niveau B2. 

Travail soigné 

Pierre Lemaitre (2006)

Psychologue de formation, Pierre Lemaitre (70 ans) s'est mis à l'écriture sur le tard, et c'est tout d'abord par ses romans policiers qu'il s'est fait connaître et reconnaître, avant d'élargir son public grâce au succès retentissant de son formidable roman Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013. Travail soigné, le premier volet de la trilogie Verhoeven, lui a valu le prix du Premier roman au Festival Polar de Cognac en 2006. Il y rend hommage à ses maîtres comme James Ellroy, William McIlvanney, ou encore Bret Easton Ellis.

Son enquêteur s'appelle Camille Verhoeven, il mesure un mètre quarante-cinq et possède des méthodes que ses supérieurs ont du mal à comprendre ou à soutenir. Dans cette première enquête, le capitaine Verhoeven, quarante ans, visage long et marqué, chauve comme un œuf, est face à une série de crimes tous plus horribles les uns que les autres. Leur auteur soigne les détails et, surtout, semble bien connaître la vie de Camille lui-même .

« Au téléphone, Louis avait dit : “Ça ne ressemble à rien que je connaisse...” et Camille n'aimait pas ça, son adjoint n'étant pas du genre catastrophiste. Il était même parfois un optimiste agaçant et Camille n'attendait rien de bon de ce déplacement imprévu. »

Le Livre de Poche. 416 pages – L'écriture est précise et Lemaitre apporte un soin particulier à la description de ses personnages. Son style est visuel et les multiples rebondissements facilitent le suivi de l'intrigue. Début de niveau B2.